La mode c'est bien et ça peut aussi sauver des vies.
Bonjour ! J’espère que vous passez une excellente semaine, c’est mercredi et c’est le jour de “La Lettre”. 🍒 Aujourd’hui, je voulais vous raconter une histoire qui s’est passée il y a exactement deux ans à Paris, en plein cœur du 10e arrondissement dont le héros est un sac à main de luxe Celine. Ce sac Celine était accroché à mon bras. C’est un petit cadeau que je me suis offert en seconde main quelques mois auparavant. C’est le tout premier sac à main de luxe que je m’achète, donc autant vous dire que j’étais fière de me promener avec, le long des jolies rues parisiennes ensoleillées par le printemps. C’est dans ce contexte un peu idyllique, que j’ai rejoint des amis propriétaires d’un bar à vins dans le quartier. Pour moi, qui ne vis plus à Paris depuis quelques années, c’est un vrai bonheur que de jouer à la Parisienne. Je marchais d’un pas léger en direction de la rue du Faubourg Saint-Martin, ravie de revoir mon ancien quartier. J’avais choisi de m’habiller avec la panoplie complète de la Parisienne : talons, un petit trench, t-shirt à rayures, le bandeau façon Brigitte Bardot, eye-liner …Cliché ? Oui totalement.
Une soirée parisienne dans toute sa splendeur où on refait le monde avec les gens qu’on aime. Je sors du bar un peu avant 22 h. Il fait encore un peu jour et je décide de marcher pour profiter encore de la ville et pour être franche pour décuver un peu. (je sais… c’est que 22h, pas de jugement please) C’est à ce moment-là qu’un mec, déboule à vélo devant moi. Il freine littéralement devant mes pieds, si proche que je fais presque un bond sur le trottoir. Je crois d’abord qu’il a perdu le contrôle de ses mouvements, puis non, il reste devant moi, l’air agressif. Ça y est, je sais. Je regarde autour de moi, j’agrippe mon sac comme s’il allait me sauver et une petite voix au fond de moi qui sait ce qui se passe. Je n’ai jamais vécu de réelle agression à Paris et j’ai l’impression que ça en est une. Le mec me parle et là, je ne sais pas pourquoi, mais au lieu d’écouter ma petite voix qui me dit de me sauver, j’écoute mon agresseur parler. Bon, il m’insulte, me demande si je voulais voir des parties de son corps intimes, trop intimes. Au lieu de me mettre en mode de survie, je ne sais pas pourquoi, je le regarde super méchamment. Il m’énerve. Vraiment. Et là, il me demande mon sac à main…MON SAC à main Céline ! Je reprends mes esprits et “non”. Je lui dis non et qu’il peut aller voir ailleurs si j’y suis. Je n’ai pas peur et le mec a l’air vraiment surpris de ma réponse. Il réitère sa demande, pour parler poliment :) et essaye de m’arracher mon sac à main. Là, je réalise que mon sac Céline, n’est pas juste un accessoire de mode. C’est un symbole de style, d’appartenance, de choix de vie plus responsable - car acheté seconde main- et qu’il reflète la rédactrice de mode que je suis devenue. Le mec se rapproche dangereusement et je n’entends plus la petite voix dans la tête, mon instinct de survie qui voudrait que je laisse mon sac à main et m’enfuir. J’enroule rapidement la lanière du sac autour de mon poignet et frappe mon agresseur de toutes mes forces. Mon sac Céline s’écrase sur lui une bonne dizaine de fois jusqu’à ce qu’il s’éloigne un peu de moi. Je l’ai frappé en l’insultant de tout ce que je pouvais pendant au moins deux minutes. Le mec a failli tomber à vélo en fuyant et s’est effacé dans le crépuscule en tournant dans une rue adjacente. Personne à l’horizon, je savoure ma victoire, mon sac Céline en guise de trophée, encore bien accroché à mon poignet. Aussi bizarre que cela puisse paraître, les insultes et l’agression ne m’ont pas vraiment fait peur. Est-ce que j’aurais eu la même réaction sans avoir bu auparavant ? Peut-être pas. Est-ce que c’est la peur qu’on me vole le premier sac à main de luxe que j’ai pu acquérir depuis que je suis journaliste de mode qui m’a sauvé ? Est-ce que c’est grâce à mon sac que je me suis sentie puissante et assez en confiance pour taper sans m’arrêter sur la tête du mec qui m’importunait ? Mais je me souviens de la sensation que j’ai quand je me promène avec mon sac à main. Une délicieuse sensation d’impostrice d’abord, car j’ai payé mon sac seconde main alors qu’il était presque neuf. Une sensation de réussite sociale (alors qu’à ce moment, je ne suis que pigiste et je bosse pour un festival écologique, autant vous dire que je suis loin d’être milliardaire.) 🙈 Je me sens délicieusement superficielle avec mon sac à main de luxe, alors qu’en vrai je suis plutôt introvertie et studieuse. Quand j’aborde mon sac Celine, j’aime l’impression que je fais, mais encore plus l’impression que j’ai de moi-même.
Selon Bourdieu, la mode est un sentiment de domination qui maintient aliéné la classe populaire. La mode serait un enjeu majeur des luttes de classes. Porter un accessoire de luxe serait-il violence symbolique vis-à-vis d’une autre personne qui ne pourrait peut-être pas s’offrir ce même sac ? Est-ce brouiller le travail de Bourdieu sur la distinction esthétique que d’acheter un sac à main de luxe seconde main ? Le choix ou non de porter un sac de luxe serait, de toutes les façons, toujours selon Bourdieu bourgeois en soi, car c’est un outil esthétique de distinction sociale. J’avoue que sur le moment, je n’ai pas vraiment pensé aux luttes de classes, ni à Bourdieu, j’étais juste hyper énervée contre ce mec qui venait m’importuner et me déranger au plus profond de moi alors que j’étais heureuse de revenir à Paris. Vivant à Berlin, je crois que parfois Paris me manque pour la mode, la finesse de la gastronomie et les talons hauts, moi qui habite à Berlin qui est un peu la capitale du non-goût (désolé les Allemands) où je m’y promène en baskets du matin au soir. Je pense que mon agresseur a reçu toute la frustration que j’avais de ne pas me sentir en sécurité dans une ville qui fut longtemps la mienne et où j’avais envie de me promener dans le quartier authentique du 10e arrondissement. Ce mec m’a agressé alors que je venais de retrouver ce sentiment de bien m’habiller qui m’avais manqué. Il a dû bien le regretter. Je ressors quelquefois mon sac Celine. À Berlin, tout le monde s’en fout et je ne vais pas me faire insulter gratuitement, mais je ne vois plus les silhouettes élégantes et familières des trentenaires du 10ème arrondissement. Je passe incognito dans les rues grises berlinoises avec mon sac hors de prix et c’est peut-être mieux d’être ignorée que de se faire agresser. 🌎 La mode lointaine : s’il est chic aujourd’hui, ce n’était pas du tout la vocation première du sac à main qui servait, dans l’antiquité aux esclaves pour transporter les petites affaires de leurs maitres. Les sacs à main étaient en poil de chèvre. 🥻La sélection shopping : le sac Celine seconde main, qui peut aussi être votre héros un jour. À shopper sur Modalova.
💛 La marque qui a fait parler d’elle cette semaine : Dior qui a annoncé publiquement les nouveaux ambassadeurs de la marque : la chanteuse Espagnole Rosalía et l’acteur français Louis Garrel. Voilà ! J’espère que ce story time vous a plu, je vous dis à la semaine prochaine pour continuer d’explorer la mode et prenez soin de vous. 🍀☀️ |
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